jeudi 16 avril 2009

Back to the future

Le blog, ou la mise en archive des je à relire, dans leur futilité, leur fausse liberté. Ca tournoie, ça brille, le passé. On se redécouvre. On s'effeuille, l'on ne sait plus quoi dire. L'on a changé et puis non, et puis ça n'est pas le problème - à moins que ça ne soit ça le seul, le vrai problème -.

Bijou de famille en toc à garder, surtout à cause des nouvelles rayures qui s'y sont incrustées.

jeudi 24 avril 2008

jeudi 27 décembre 2007

Boîte à musique

Shannon Wright, Maps of tacit



Robert Wyatt, Cuckooland

lundi 27 août 2007

Au théâtre murmure

- Et pourquoi ne pas, encore une fois, te laisser prendre par les mots ?
- Ils mentent.
- Pourquoi le feraient-ils ?
- Parce qu'ils sont moi.
-
- Il y a toujours du silence, quelque part. Au fond de moi...
- ... au fond de nous...
- Oui, c'est vrai, au fond de nous, parce que "la poésie doit être faite par tous". Non pas par tous les mots, mais par le silence entre eux. La beauté des virgules est comme celle des lèvres. De là naît le cri du murmure.
- Un coeur bat, écoute.
- Oui. C'est le tien.
- La parole du corps ?
-                                       .

mardi 21 août 2007

Flamme

C'est si facile de vous trousser un petit mot joli, tandis que les immeubles le soir bleuissent d'ennui, vibrent de viols. Et que les dépêches le lendemain matin sortent tout frais des traits d'esprit, dont on rit, mi-figue mi-raisin, en allant chercher son pain. Quelques heures après, on s'échange entre amis et famille les nouvelles, entendues, vues, mises à nu. Ce sont des nuées de discours plus ou moins généraux, selon le grade, selon la table. Chacun y met ou pas son grain de sel. Et ainsi de suite jusqu'au lendemain, où le journal de la veille gît, aîné d'une famille nombreuse, sur le tas à brûler, quand l'hiver sera là. Quelquefois donc on ressort du bois réchauffé, on trousse un mot joli, et puis. Flambée. Les incendies de l'esprit se résumeront à un confort poétique devant la cheminée.

Ce soir j'observais la nuit, bleue comme une flamme. C'était l'incitation à de bien poétiques sujets, courant d'eux-mêmes dans mon esprit comme des papillons affables. Mais l'on est au bout du compte affamé d'autre chose. Rendre compte de la vie sans trahir bien et mal me donnent bien du mal. Il faut être fictif, à tout prix, pour se rire de ces notions-là.

mercredi 8 août 2007

Tracks

Allez, amusons-nous futilement. On ouvre son player de musique, on le met en mode aléatoire, et on suit (et commente) ce que les muses ont à dire sur chaque question.

1. Comment vous sentez vous aujourd'hui?
5ème mouvement (allegro assai) de la 9ème de Beethoven (L'hymne à la joie).
Ma foi, oui, la journée promet de ça.

2. Irez vous loin dans la vie ?
The Shins, So says I: "Tell Sir Thomas More we've got another failed attempt, cos' if it makes them money they might just give you life this time". Je suis bonne pour construire une nouvelle utopie...

3. Comment vos amis vous voient ?
Tangerine Dream, Die sonne verd stert sich allm hlich (une histoire d'exposition au soleil ? Pour le coup, j'ai la peau trop pâle pour le faire). De l'instrumental méditatif, mélancolique, avec des notes solaires, parfois.

4. Vous marierez-vous ?
INXS, Baby don't cry. "We know that you can smile, even though it takes a while to lose your fears and say... gonna lose your fears and say Baby don't cry"
Va falloir un peu de temps avant que mes peurs maritales s'effacent.

5. Quel est le thème musical de votre meilleur ami ?
Pink Floyd, Vera: "Does anybody here remember Vera Lyn ? Remember how she said that we would meet again, some sunny day. Vera, Vera ! What has become of you ?"
J'aimerais bien savoir ce qu'est devenu un ami, en effet...

6. Quelle est l'histoire de votre vie ?
INXS, Listen like thieves: "You are all you need, so don't hesitate, there's no time to waste: you just do it for yourself".

7. Comment sont les études supérieures ?
Les yeux noirs, Joc de Loop: musique tzigane,un peu décousue, bien rythmée, allure vive, qui accélère qui accélère, on ne sait plus où donner de la tête. Mais ça reste quand même maîtrisé.

8. Comment prenez vous de l'avant dans la vie ?
Jamie Cullum, It's about time. When I making my way trough an open door, I got some love and so much more, and I'm ready, to make someone mine.
Suivre le chemin menant aux portes ouvertes. Simple mais efficace, certes.

9. Quel est la meilleure chose au sujet de vos amis ?
Gregorio Paniagua, Fragments instrumentaux de Contrapollinopolis (musique grecque ancienne reconstituée). Qu'ils galèrent eux aussi en version grecque, peut-être ? Plus sérieusement, qu'il y ait du dialogue et des choeurs, comme dans cette musique.

10. Qu'il y a-t'il en magasin ce week-end?
Jean Bertolat, Si seulement elle était jolie (reprise de Brassens)... elle irait faire les magasins !

11. Pour décrire vos grand-parents ?


"Our youth is fleeting, old age is just around the bend, and i can't wait to go grey". Rire !

12. Comment va votre vie ?
E.S.T, Years of yearning. Années de l'envie... avec des étirements mélancoliques. Oui.

13. Quelle chanson pour votre enterrement?
Claude Nougaro, Le jazz et la java. Comme ça, on pourra "danser sur moi, le soir de mes funérailles, dansez sur moi, mes vers luisants, comme un parquet de Versailles", comme dit Nougaro dans une autre chanson.

14. Comment le monde vous voit ?

The best you can is good enough...

15. Aurez vous une vie heureuse ?



"Philosophes, écoutez, cette phrase est pour vous: le bonheur est un astre volage. Qui s'enfuit à l'appel de bien des rendez-vous, il s'efface il se meurt devant nous... cherchez-le, il est un peu partout".

16. Qu'est-ce que vos amis pensent vraiment de vous ?
Oceansize, I am the morning. Cette musique instrumentale est douce et déterminée à la fois, avec des envolées de guitare électrique, suivie de guitare sèche.

17. Est-ce que certains ont secrètement envie de vous ?
Claude Nougaro, Chanson de pirates. Mise en musique d'un poème de Victor Hugo, racontant l'enlèvement d'une belle nonne, devenant ainsi sultane. Je ne suis pas une nonne, pourtant...

18. Comment puis-je me rendre heureux ?

Fiction mélancolique...

19. Que devrais-je faire de ma vie ?
Sigur Ros, Avalon. Une méditation.

20. Aurez vous des enfants ?


you came to take us, all things go, all things go... to recreate us, all things grow, all things grow. Ca m'en a tout l'air, avec ces choses qui grandissent...

21. Un strip-tease sur quelle chanson ?
Rabih Abou-Khalil, Catania. Rythmée en diable et sensuelle. Pourquoi pas.

22. Si un homme dans un van vous offre un bonbon, vous faites quoi ? (?)
Tangerine dream, erscheinung (apparence, manifestation). Je manifeste violemment ma désapprobation.

23. Que pense votre mère de vous ?
Fred Frith, Off Topic. Que j'aime les musiques de "sauvages" ?

24. Quel est votre profond et sombre secret ?
Claude Nougaro, Le Chat. Pat... pat.. pat... pathétique.

25. Quel est le theme musical de votre ennemi mortel ?
Pink Floyd, Confortably numb. La souffrance et les calmants...

26. A quoi ressemble votre personnalité ?
Miles Davis, My Funny Valentine, version instrumentale. Ne pas dire les paroles.


27. Quelle chanson pour votre mariage ?


Expiation ? Oui pourquoi pas, si je fais ça à l'église.

mardi 7 août 2007

Balcon

Vous pensez que les luxes économiques ou politiques des pays riches se paient toujours sur le dos du tiers-monde?
Pour le moment je ne vois que ça.

Et quelle société vous satisfait, enfin... vous écoeure le moins?
Là, je ne peux pas vous répondre politiquement mais presque religieusement. Le mal comme le bien font partie de la nature humaine et s'expriment à travers les hommes ou les sociétés. Je ne condamne pas, je ne sais pas ce qui va sortir des anciens empires coloniaux. Je ne sais pas ce qu'ils auront apporté de bien, je sais ce qu'ils ont apporté de mal. Peut-être ont-ils apporté du bien aussi, mais tout cela est si inextricablement mêlé que je ne serai jamais satisfait par un système politique, quel qu'il soit.

[...]

Vous avez dit que Rimbaud avait "choisi" le silence. Vous aussi?
Je ne sais pas pourquoi Rimbaud a choisi le silence. J'ai dit qu'il avait compris qu'il devait se taire. Moi, il me semble que, puisque tous nos livres ont été écrits en prison, je les ai écrits pour sortir de prison. Sorti de prison, l'écriture n'avait plus de raison d'être. Mes livres m'ont fait sortir de taule, mais après, quoi dire ?

[...]

Vous avez beaucoup parlé d'une hiérarchie de la gloire qui serait la hiérarchie du crime... Quel est le plus exotique des crimes?
Non. Je voulais dire que deux mots accolés, ou trois ou quatre, et deux phrases peuvent être plus poétiques qu'un meurtre. Si j'avais a choisir entre l'expression poétique par des mots ou, si elle existe, l'expression poétique par des actes, je choisirais l'expression poétique par des mots

Quels sont les mots qui vous paraissent les plus forts et les plus proches d'un acte?
C'est leur assemblage, leur confrontation. Il en faut au moins deux.

Est-ce qu'il y a un bonheur d'écrire. Avez-vous éprouvé profondément une jubilation en écrivant?
Une seule fois.

En écrivant quoi?
Les Paravents. Le reste m'a beaucoup ennuyé, mais il fallait l'écrire pour sortir de prison.

En quelle année Les Paravents?
Attendez, je crois en 1956 ou 1957. En tout cas, je corrigeais les épreuves quand de Gaulle est venu au pouvoir en 1958, je crois, c'est ça.

[...]

Les combats sont souvent idéologiques et symboliques, donc l'artiste ou l'écrivain y a sa place. Vous ne vous êtes pas senti combattant par la plume?
Vous parlez comme Simone de Beauvoir.

On ne combat pas avec la plume?
Non. J'ai, bien sûr, assisté à des manifestations avec Sartre, avec Foucault, mais c'était très anodin, avec une police très respectueuse finalement, qui établissait plutôt une complicité avec nous, qui nous faisait complices d'elle. Un police surréelle.

Alors, en écrivant, on sort de prison mais on ne change pas le monde ?
En tout cas pas moi. Non.

Et est-ce qu'on change les autres individuellement? Est-ce qu'un lecteur est changé? Est-ce qu'il y a des livres qui vous ont changé?
Finalement, non. Je crois, sans apporter de preuves, mais je crois qu'à l'éducation qui vient des livres, des tableaux ou d'autre chose, de l'éducation qu'on reçoit, s'oppose un facteur personnel que je ne peux pas nommer autrement. Je suis incapable d'en discerner les bornes, mais chaque homme fait sa pâture de tout. Il n'est pas transformé par la lecture d'un livre, la vue d'un tableau ou par une musique; il se transforme au fur et à mesure et, de tout ça, il fait quelque chose qui lui convient.

[...]

La beauté, vous en parlez parfois pour une personne, un visage. Plus généralement c'est quoi?
La beauté d'un visage ou d'un corps n'a rien à voir avec la beauté d'un vers de Racine évidemment. Si un corps et un visage rayonnent pour moi, ils ne rayonnent peut-être pas pour d'autres.

Donc, à chacun sa beauté, pour Racine comme pour un visage. Vous n'avez pas de définition de la beauté?
Non mais vous, est-ce que vous en avez une? Ca, ça m'intéresse.

Non, c'est la beauté de Genet qui est intéressante. Si on vous dit que vous avez énormément d'innocence sur le visage, ça vous vexe?
Non.

Ca vous flatte?
Assez, oui. Parce que nous savons maintenant que les innocents sont pervers.


Interview de Jean Genet par Bertrand Poirot-Delpech, 1982. (interview intégrale)

lundi 6 août 2007

Coeur(s)

- Esbjorn Svensson Trio, groupe suédois.



- John Zorn, saxophoniste iconoclaste. Diverses formations, dont la plus connue (et plus écoutable) est sans doute Masada (neuf volumes, dont acoustic Masada, electric Masada...)


Plus





- Brad Mehldau, pianiste mêlant classique, jazz et influences rock (adaptations de Radiohead, Nick Drake, etc)



- Monty Alexander (voir ici), si le reggae plaît à certains... Pour Randy Weston, impossible à trouver.

vendredi 3 août 2007

Conatus

"Alors ne me refusez pas de me dire l'objet, je vous en prie, de votre fièvre, de votre regard sur moi, la raison, de me la dire; et s'il s'agit de ne point blesser votre dignité, eh bien, dites-la comme on la dit à un arbre, ou face au mur d'une prison, ou dans la solitude d'un champ de coton dans lequel on se promène, nu, la nuit; de me la dire sans même me regarder.
Car la vraie seule cruauté de cette heure du crépuscule où nous nous tenons tous les deux n'est pas qu'un homme blesse l'autre, ou le mutile, ou le torture, ou lui arrache les membres et la tête, ou même le fasse pleurer; la vraie et terrible cruauté est celle de l'homme ou de l'animal qui rend l'homme ou l'animal inachevé, qui l'interrompt comme des points de suspension au milieu d'une phrase, qui se détourne de lui après l'avoir regardé, qui fait de l'animal ou de l'homme, une erreur du regard, une erreur du jugement, une erreur comme une lettre qu'on a commencée et qu'on froisse brutalement juste après avoir écrit la date."

Bernard-Marie Koltès, Dans la solitude des champs de coton

jeudi 2 août 2007

Besoin

Une course au soleil, main dans la main. De temps en temps, ils s'arrêtent au bord du chemin pour se rouler des mots doux, se dire des baisers.

Sitôt rentrés, elle ne peut que dire:
"Je n'en peux plus... vite vite..."
"Pipi !" hurlent-ils de concert.
Devant la porte, un brin hésitante:
"Non non, galanterie oblige, vas-y"
"Tu es sûre ?"
"Mais oui, ça me fera travailler mon périnée..." glisse-t-elle, un sourire aux lèvres, en le poussant vers les toilettes.

Conclusion: l'humour dans l'amour, un besoin naturel par excellence ?